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La liberté

7 avril 2020

Après demain, le dossier du Corona Virus sera clos et nous pourrons en parler au passé. Pour l’instant, brimé dans notre liberté sociale, seul chacun chez soi, on suit l’évolution avec toujours une petite peur que l’un de ceux qu’on aime soit compté parmi les statistiques des malades ou des morts.

On a peine à croire en cette réalité nouvelle. Étonnamment, on  se prend à être heureux du soleil. On ne va nulle part. On marche plus lentement qu’à l’habitude et on rentre directement chez soi. Dans nos promenades, on se prend à saluer et à bavarder de loin avec des inconnus qui, quelques semaines auparavant, ne signifiaient rien pour nous. Quelque chose a réellement changé!  On vit tous le même malheur en même temps et on découvre qu’on n’avait aucune raison de ne pas se parler… On découvre qu’on a besoin d’échanger avec les gens.

On s’est habitué à nos vies de pleine liberté et voilà que depuis le 12 mars, à cause d’un petit monstre viral, c’est le confinement obligé dans nos prisons dorées. Toutes les vies se valent et toutes les misères aussi. Ainsi, malgré l’agacement, pour tout le monde, il n’y a pas d’autre issue que de rester chez soi. C’est maintenant la coutume de parler à notre famille à travers un portable ou un ordinateur Si, dans ce retranchement, on a la chance d’être deux ou d’être en famille, on s’applique à prendre bien soin de bien vivre nos journées ensemble. Pour  plusieurs qui sont seuls chez eux, la longueur des jours  peut être déprimant et inhumain. Pour les petits privés des amis de la garderie et de l’école, les journées sont plus ennuyeuses. Pour tous les parents, la tâche de maternance est plus lourde. Pour certains travailleurs forcés au télétravail, la somme de travail est devenue trop forte et épuisante. Tous, nous avons dû brusquement changer de vie ce qui est un tourment qui n’est pas plus facile pour l’un que pour l’autre. On attend tous, avec impatience, le moment de reprendre la vie sociale.

Depuis le 12 mars,  pour tous, tous les jours sont devenus un peu pareils mais, quand le jour de la liberté reviendra, rien ne sera plus pareil. Ce temps de confinement, nous aura appris à reconnaître ce qui nous est important et ce qui nous a manqué.

Je crois que pour se ressourcer et se revitaliser, il faut ressentir le soleil. Dehors, somme toute, il n’y a rien de changé. C’est avril, il fait doux et c’est le même soleil qui réchauffe et fait fondre la neige. Dehors, la vie suit son cours normal comme si elle nous disait d’espérer, que la vie va triompher. Il y aura bientôt la nature qui se réveille, les crocus qui sortiront de la neige. Il y aura bientôt les couleurs des feuilles et des fleurs qui réapparaîtront. Les gazouillis des oiseaux ont déjà recommencé à se faire entendre et les odeurs et les bruits de la vie feront, très bientôt, fuir le silence de l’hiver. Et le soir, quand au-dessus des arbres encore nus, le soleil disparaît, comme pour faire une trêve, il y a le ciel qui s’emplit de lueurs rousses et roses.

Je crois qu’il nous faut réapprendre à emmagasiner dans notre mémoire ce qu’est vraiment un beau moment. Je crois que de se tourner vers le ciel, c’est une bonne façon de se procurer un moment de calme et de contentement. Je crois que, le plus simplement du monde, se rapprocher de la lumière, c’est se faire du bien au corps et au coeur.

Ça sera bientôt le dimanche de Pâques. Pendant ce long congé, plusieurs familles se réunissaient pour souligner la résurrection de la terre. Par le passé on l’a vécu d’une telle façon, aujourd’hui, il nous faudra la vivre d’une autre manière. Aujourd’hui, chacun chez soi, on attend le moment de retrouver ceux qui nous ont manqué. On attend de retrouver notre entière liberté et plus que tout, on attend tous le moment de se serrer dans nos bras et de s’embrasser. Ça sera le beau moment!

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