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Après 9 semaines

Les plus visibles de la Covid

14 mai 2020

Personne n’a jamais vécu en compagnie ce virus auparavant. Chacun a sa perception, son interprétation et son sentiment sur ce qu’il voit autour de lui et à la télé et sur les médias sociaux. Je suis consciente qu’il y a pour sûr un sens caché et des raisons bien à soi à tout ce que l’on ressent. L’humain est un être social et ce n’est des jours fastes pour personne sur la planète.  Il y a des conséquences à l’isolement. On ne peut pas voir et entendre la souffrance à longueur de journée sans que cela devienne obsédant et, par moments, décourageant. Aussi, malgré l’été qui vient vers nous, l’un des effets du confinement est la déprime. Et je ne suis pas la moins inquiète ni la plus optimiste pour en parler… Mais parler, c’est déjà libérer quelque peu son esprit de sa tristesse et de son abattement et refuser de s’incliner et de désespérer.

L’histoire que vit en ce moment l’humanité est une catastrophe universelle. Sur tous les continents, c’est la guerre au virus. Les humains sont les témoins d’un spectacle meurtrier qu’ils ne sont pas prêts d’oublier. Partout la vie est paralysée et il y a des morts par milliers. Sans vaccin, le problème de la mort paraît presqu’insoluble. Il faut l’admettre c’est un constat assez tragique et un drame assez désespérant. 

Aussi, on a tous besoin de changer d’air et de se changer les idées. Pour apprivoiser ce long confinement qui nous prive de ceux qu’on aime et des événements rassembleurs et festifs, le psychisme use de toutes ses ruses. Pour contourner ses craintes, l’habileté de l’être humain n’a pas son pareil. Il déploie des trésors d’imagination, il profite de tous les échappatoires qui, pour un moment, lui font croire qu’il est à l’abri du danger. Dans cette souffrante histoire d’isolement et de solitude où il y a un lot de frustrations accumulées, l’humain a besoin d’évasion pour ce, il se construit des illusions et l’humour et l’art font partie d’un apport divertissant et réconfortant. Ces diversions astucieuses, comme une pilule à prendre à jeun, le transportent parfois dans un état second qui endort, momentanément, le malaise de la réclusion. Je ne minimise pas les bienfaits de ces constructions mentales, néanmoins, elles ne sont que de petites douceurs passagères, des images éphémères sur le tableau de la réalité. Quand pour contrer le vide de cette cruelle absence, l’art n’est pas suffisant que pouvons-nous faire? 

De toute évidence, il est difficile à l’humain de se priver du contact et du regard des autres. Le corona virus n’a pas tué le besoin d’être aimé. Il est bon de compter pour quelqu’un. Il est bon de savoir que l’on manque à quelqu’un. On n’aime pas se sentir seul. On a besoin de compagnie. On a besoin de fraternité et d’appartenance et c’est cette sorte de complicité qui fait qu’on ne se sent pas seul. Depuis l’homme des cavernes, socialiser est une sympathie instinctive comme un réflexe de conservation. 

Confronté à la dure réalité du confinement, l’être humain  a peur d’être malade et même peur de mourir. Devant ce virus, il se sent petit, vulnérable et impuissant. La nature humaine ne peut pas se passer longtemps de liens de protection. On voudrait agir et tendre la main et entourer ceux qu’on aime de toute la protection et de toute l’amitié nécessaire, mais c’est vain parce qu’ils sont à grande distance de nous. Privé de notre liberté d’action, la technologie moderne ne peut pas tout arranger. En fin de compte, pour aider, peu de choses peuvent se vanter de remplacer la présence.  

Pour se convaincre qu’il n’arrivera rien à ceux qu’on aime, pour survivre et ne pas s’effondrer et pour donner un sens à cette histoire d’isolement interminable, après avoir cent fois révisé nos pensées et nos sentiments, au-delà de la volonté de vivre et de l’amour, il y a, tout au fond de l’âme humaine, une invisible obstination à faire confiance qui est je crois le premier soin qu’on peut se donner, l’espoir! 

Dans les luttes des générations passées, il y a eu le choléra, la grippe espagnole, la peste, des Napoléon et des Hitler.   Nous en avons retenu beaucoup de leçons indispensables. Aujourd’hui, un tout petit virus monopolise la planète entière, limite toutes nos actions et sème l’effroi pour nous faire comprendre l’importance de la vie. La pandémie qui monopolise la planète semble combattre les injustices physiologiques qu’on lui a fait subir; notre terre ne semble plus accepter les compromis quant aux lois biologiques de la nature. Elle semble le faire avec une ferveur qui ressemble à une prière.

On va se retrouver à nouveau et reconstruire un monde nouveau. Il suffit de continuer de croire en la fraternité humaine et de rendre la confiance contagieuse. Aujourd’hui, nos illusions ne sont pas intactes et l’avenir en toute liberté tel qu’on le prévoyait est incertain mais une chose perdure encore, les splendeurs de la nature. Pour ceux et celles qui ont encore du temps devant eux, il suffit d’attendre! 

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